Remerciements spéciaux à Rodrigue Nazon et Lucien Anduze de m'avoir fait parvenir ce tube.
"Ange et demon" magistralement interprété par le talentueux Guy Durosier.
Toi qui es divine et fatale
Ange et Démon tout à la fois
Déesse des aurores éclatantes
Brune sorcière de mes noirs minuits
Comme le clochard à la taverne
Comme l’avare à ses pieces
Tout comme le maniaque à la pucelle
Comme le forçat condamné à la chaîne
Je suis attaché à ton être
Femme de mes sens et de ma frénésie
S’il faut plonger mon bras dans le crime
Pour te garder, je n’hésiterai pas
L’amour est le sel de la vie
L’amour est un filtre magique
L’amour c’est le goût de ta chair
Qui de son troublant arôme me verse le délire
S’il fallait escalader le Ciel
M’engloutir dans le tréfonds des mers
Et même endurer tous les maux de la terre
Et brûler des mille feux de l’enfer
Je n’hésiterai pas
Car l’éternité commence avec toi.
Voici un raccourci de ce que dit Louis Carl Saint Jean:
Guy Durosier a pris naissance le 1er mars 1932, au 25 rue Montalais, au Bel Air, à Port-au-Prince, dans la même maison où son arrière-grand-père maternel Pierre Marie Pétrus a rendu l’âme le 29 octobre 1914. Son grand-père paternel, Marius Durosier, est un ancien général, qui s’était installé avec sa famille au Cap-Haïtien peu avant l’Occupation américaine pour se lancer dans le commerce. Il est le fils d’André Durosier, un employé supérieur de l’Administration postale. Sa mère, Francine Pétrus Durosier, est normalienne renommée, modiste hors pair, rédactrice à l’hebdomadaire « L’École », etc. Ce couple, outre Guy, a eu trois autres enfants: Auguste (chanteur, comme son frère), Nicole et Gisèle.
Dès sa naissance, Guy baigne dans l’art et la culture. Toutes les conditions sont réunies pour qu’il ait une tête bien faite. D’une part, sa mère, en plus des attributs déjà signalés, est une excellente chanteuse et professeure de musique et de piano. Elle prêtait sa magnifique voix surtout aux manifestations religieuses, en particulier à la procession de la Fête-Dieu. Sa tante, Denise Pétrus Dupont, dans les années 1950, a fait partie des acteurs de la Société nationale d’art dramatique, SNAD, et plus tard de « Jeune Théâtre ». Elle est aussi speakerine à Radio Commerce et étoile de feuilletons radiophoniques dont « Linda et ses amours », « Les enfants du célibataire », etc.
D’autre part, la maison familiale reçoit souvent de grandes figures culturelles et politiques. Parmi elles, citons, en vrac : Félix Diambois, Charles de Catalogne, Roussan Camille, Marc Séïde, Jacqueline Scott (filleule de la mère de Guy), Émile Saint Lôt, Alphonse Racine, Berthony Malette et d’autres intellectuels qui allaient fonder le 18 avril 1944 le cercle « L’Amicale ». Inutile de dire que les idées de « la Révolution de 1946 » allaient profondément marquer l’âme de cet adolescent et influencer plus tard son œuvre.
Et encore, sur le tronçon de rue où Guy grandit, habitent une phalange de familles éprises d’art et de choses de l’esprit. Les après-midis des fins de semaine et surtout celles des vacances scolaires sont toujours saupoudrées de saines ambiances culturelles. L’imagination ingénieuse des enfants et des adolescents de ce quartier produit chaque jour un nouvel égaiement. Si aujourd’hui, c’est une représentation de monologues ou d’une saynète chez les Boisson, le lendemain, la maison des Amédée ou celle des Diambois accueille des diseurs et diseuses qui déclament des vers d’Oswald Durand, de Massillon Coicou, d’Ida Faubert, de Damoclès Vieux, de Gervais Jastram, de Léon Laleau et d’autres bardes nationaux; le surlendemain, c’est une réunion musicale et de chant chez les Milfort. Une autre fois, c’est une sauterie chez les Dauphin ou une soirée récréative chez les Pétrus.
À propos de son neveu, Mme Denise Pétrus-Dupont m’a dit: « Je vous avoue candidement que Guy était l’idole de tous les gens du quartier. À l’âge de 7 ans, il jouait déjà très bien de la flûte, instrument qu’il a appris tout seul. Tant de la déclamation, du chant que même de la danse, il était un virtuose. Il avait une mémoire phénoménale et était un excellent récitant. Entre 13 et 14 ans, il connaissait par cœur de longs extraits de poèmes tels que Complaintes d’esclaves, Les Plaintes de Toussaint Louverture, Chant national et d’autres œuvres patriotiques. Il était en plus très brillant à l’école. En fait, Guy faisait tout à la perfection. » (Entrevue téléphonique de Louis Carl Saint-Jean, LCSJ, avec Mme Denise Pétrus Dupont, 20 août 2006.)
Quand j’ai demandé à ma distinguée interlocutrice si sa sœur avait enseigné la musique à Guy, elle m’a appris: « Pas vraiment. Guy s’est fait lui-même. C’est un autodidacte. Tout petit, quand il avait cinq ou six ans, on a découvert qu’on faisait grandir un petit être génial. Il nous émerveillait de sa voix. Il chantait et dansait presque comme un adolescent. En fait, c’est à l’Ecole Saint-Louis-de-Gonzague qu’il a été formé...